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Photo du rédacteurAlexis P.

Qu'est-ce que la compensation carbone ?

Dernière mise à jour : 2 juin 2023

Dernière étape d'une stratégie climat ambitieuse, la compensation carbone joue un rôle clé. La transition vers une économie durable et résiliente au changement climatique est devenue une priorité mondiale. En France, cette transition est encadrée par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), une feuille de route ambitieuse visant à réduire les émissions de CO2eq du pays par 6 entre 1990 et 2050.

Face à l'urgence climatique, les entreprises françaises recherchent activement des moyens concrets de réduire leur empreinte carbone. La compensation carbone offre une solution prometteuse en permettant aux entreprises de compenser leurs émissions résiduelles et de contribuer activement à la lutte contre le changement climatique. Cette approche ne se limite pas à la simple plantation d'arbres, elle englobe une stratégie plus globale, incitant les entreprises à d'abord réduire leurs émissions autant que possible, puis à compenser les émissions restantes en investissant dans des projets de réduction des émissions.


Qu'est-ce que la compensation carbone ?

La compensation carbone est un mécanisme financier qui permet de soutenir des projets ayant pour objectif la réduction ou la séquestration des gaz à effet de serre (GES) dans le but de compenser les émissions générées par diverses activités. Elle peut être mise en œuvre à différentes échelles, que ce soit au niveau d'un État, d'une entreprise ou d'un individu, offrant ainsi une solution flexible pour lutter contre le changement climatique.

Lorsqu'un projet de compensation carbone respecte des règles précises, telles que l'Additionnalité (l'impact environnemental supplémentaire par rapport à une situation de référence), la Mesurabilité (la capacité à quantifier les réductions d'émissions), la Vérifiabilité (la validation par des tiers indépendants) et la Permanence (la durabilité des réductions d'émissions), il peut obtenir des « crédits carbone ». Ces crédits représentent une unité équivalente à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée, et peuvent être utilisés pour compenser les émissions excédentaires.

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Quelles différences entre les projets d'évitement carbone et de séquestration carbone ?

Pour répondre à la volonté des entreprises de compenser leurs émissions de carbone, deux types de projets existent :

Les projets d'évitement carbone

Ces projets sont liés au développement des énergies bas carbone et à l'amélioration de l'efficacité énergétique. Ils visent à réduire les émissions en favorisant l'utilisation de sources d'énergie propres et en adoptant des pratiques écoénergétiques. Ils comprennent des initiatives telles que la transition vers des énergies renouvelables, l'optimisation des processus industriels et l'adoption de technologies plus efficaces.

Les projets de séquestration carbone

Ces projets couvrent un large éventail d'approches visant à stocker le carbone émis. Ils incluent les projets visant à accroître les puits de carbone naturels, tels que les projets de reforestation, qui permettent de capter le CO2 de l'atmosphère et de le stocker dans les arbres et les sols. La France dispose d'une capacité considérable de stockage de carbone dans les sols grâce aux pratiques agricoles de conservation des sols. Les projets de séquestration englobent également des méthodes de séquestration artificielle, qui sont des technologies en développement pour capturer et stocker le CO2 provenant des sources industrielles. Les projets de séquestration artificielle ne peuvent pas encore rivaliser en termes de coûts avec la séquestration naturelle, qui offre déjà des résultats prometteurs. Cependant, ces technologies continuent d'évoluer et pourraient jouer un rôle plus significatif à l'avenir.


Les entreprises ont-elles l’obligation de compenser leurs émissions ?

L’Union européenne a mis en place depuis 2005 un marché du carbone pour mesurer, contrôler et réduire les émissions des industriels et des producteurs d’électricité présents sur son territoire. Les émissions planchers sont définies par l’autorité publique qui distribue (gratuitement ou par un système d’enchères) des quotas aux installations soumises au marché du carbone. Les installations les plus vertueuses peuvent ainsi revendre aux installations plus émettrices des quotas carbone. Les installations ont aussi la possibilité d’accéder à d’autres actifs carbone :

  • Des quotas d’un autre système d’échange de quotas reconnu ;

  • Des crédits issus de financements de projets d’émissions évitées, en dehors du territoire géographique sur lequel s’applique le système d’échange de quotas ou sur des secteurs qui ne sont pas couverts par le système.

La majorité des entreprises n’est cependant pas soumise à cette réglementation. Dès lors, la compensation carbone est dite volontaire et a souvent pour finalité l’atteinte d’une neutralité carbone au niveau de l’entreprise, hypothétique et par ailleurs fortement dénoncée par l’Ademe dans un avis récent. La raison ? La capacité totale de la planète (reforestation, capture de carbone dans les sols agricoles, etc.) est de l’ordre de 367 milliards de tonnes, ce qui représente environ 9 ans d’émissions anthropiques…

Selon l'Ademe, « l’objectif de neutralité carbone n’a donc réellement de sens qu’à l’échelle de la planète ».


Comment les entreprises peuvent réduire et compenser leurs émissions ?

Calculer ses émissions en réalisant un bilan carbone.


Avant de s’engager dans une démarche de compensation carbone, il convient donc de réaliser son bilan carbone afin d’identifier ses postes d’émissions les plus importants et d’établir une stratégie climat permettant de les réduire en mobilisant les ressources humaines et financières nécessaires. Cette stratégie climat doit aujourd’hui être alignée avec l’Accord de Paris sur le climat afin d’éviter toutes accusations de greenwashing qui peut avoir un impact important sur la marque entreprise. Les entreprises peuvent utiliser des méthodologies et des outils reconnus pour évaluer leurs émissions, tels que la méthode Bilan Carbone® le GHG Protocol ou l'ISO 14064.


Déterminer une stratégie climat robuste.

Une stratégie climat robuste peut ensuite, et seulement dans un deuxième temps, inclure un volet compensation afin de compenser les émissions décroissantes et résiduelles de son activité. Autrement dit, la compensation carbone doit s’inscrire dans un processus dynamique de comptabilisation régulière et de réduction sérieuse de ses émissions.

Prioriser les actions de réduction.

Avant de se tourner vers la compensation carbone, il est essentiel de mettre en place des mesures de réduction des émissions. Cela implique d'identifier les mesures les plus efficaces et pertinentes pour son entreprise, en se basant sur des critères tels que l'impact potentiel de réduction des émissions, la faisabilité technique et économique, ainsi que les objectifs à court et long terme. L'entreprise doit identifier les domaines où des améliorations peuvent être apportées, tels que l'efficacité énergétique, la gestion des déchets, les transports, (etc.) en vue de réduire les émissions de GES à la source.

Compenser ses émissions résiduelles.

Lorsqu'une véritable stratégie de réduction des émissions a été mise en œuvre, l'entreprise peut alors compenser ses émissions dites résiduelles. Les émissions résiduelles, parfois appelées émissions nettes ou émissions incompressibles, désignent les émissions de gaz à effet de serre qui persistent malgré la mise en place de toutes les mesures envisageables pour réduire les émissions à la source. Ce sont les émissions qui ne peuvent pas être immédiatement évitées en raison de contraintes techniques, opérationnelles ou économiques, rendant difficile leur élimination totale. L'entreprise décide alors de la quantité d'émissions qu'elle souhaite compenser.

Identifier des projets labellisés afin de compenser ses émissions résiduelles.

Dès lors, une entreprise peut affirmer sa volonté de contribuer à la neutralité carbone et notamment à l’objectif de la feuille de route française de doubler les puits de carbone à l’horizon 2050, en finançant des projets de compensation carbone labellisés afin de permettre l’absorption des émissions dites incompressibles du pays : 80 MtCO2e.

Plusieurs organismes de certification participent aujourd’hui à la professionnalisation du secteur :

  • A l'international, des standards comme Gold standard ou Verified Carbon Standard (Verra) visent à promouvoir des normes élevées dans la vérification, la certification et la compensation des émissions de CO2.

  • En Europe, l'organisme Riverse certifie les projets Greentech spécialisés dans les matériaux bas carbone, les énergies bas carbone, le recyclage et le reconditionnement ainsi que les technologies de capture de carbone.

  • En France, le Label bas-carbone, cadre innovant et transparent, porté par le ministère de la Transition Écologique, permet le financement de projets locaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre en octroyant aux porteurs de projets des crédits carbones. Ces crédits peuvent être vendus aux entreprises, collectivités ou même à des particuliers afin qu'ils compensent leurs émissions résiduelles.

Une fois les projets de compensation sélectionnés, l'entreprise peut acheter des crédits carbone correspondant à la quantité d'émissions qu'elle souhaite compenser.

Communiquer sur ses engagements climat, sans faire de greenwashing..

Cette étape est importante et doit être bien réfléchie et surtout argumentée. En effet, une entreprise qui décide de communiquer sur ses engagements de compensation carbone sans réelle mesure ou réduction de ses émissions en amont pourra être accusée de greenwashing. Il est important que les entreprises communiquent de manière transparente et chiffrée sur le calcul de leurs émissions ainsi que sur leur stratégie de réduction puis de compensation.


En conclusion

La compensation carbone joue un rôle important dans la stratégie environnementale d'une entreprise souhaitant réduire son impact sur le climat. Toutefois, les entreprises doivent prioriser la réduction de leurs émissions et la mise en place de pratiques durables avant de penser à la compensation. En tant qu'outil complémentaire, la compensation carbone peut permettre aux entreprises de compenser leurs émissions inévitables qui ne peuvent être réduites, en investissant dans des projets de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises peuvent ainsi contribuer à la lutte contre le changement climatique, tout en créant des opportunités pour les communautés locales et en soutenant des projets durables.

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