Piliers du développement durable et de l’investissement responsable, les critères ESG structurent le reporting extra-financier imposé aux grandes entreprises par la loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte. Ils constituent des repères fiables d’évaluation de toute démarche RSE.
Critères ESG : présentation et historique
Les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) ont pour but d’évaluer la manière dont les acteurs économiques prennent en compte les enjeux de développement durable dans leur stratégie. Les premières tentatives d’évaluation des entreprises et des titres financiers remontent aux années 90. Les critères ESG peuvent être ainsi considérés comme les descendants du concept des trois P (Personnes, Planète, Profit) développé en 1995 par l’entrepreneur John Elkington. Ils s’appliquent au monde de la finance et constituent les piliers des processus d’investissement durable.
Dans le cadre d’une démarche RSE, la performance financière d’une entreprise sera ainsi intrinsèquement liée à son impact social et environnemental. Les critères ESG vont permettre de mesurer la dimension éthique des investissements au sein d’une société.
Quels sont les critères ESG et comment sont-ils évalués ?
Les critères ESG regroupent 3 ensembles de critères extra-financiers :
Les critères environnementaux
La réduction des gaz à effet de serre et des dépenses énergétiques, la gestion des déchets, la prévention des risques de catastrophes industrielles
Les critères sociaux
Le respect du dialogue social, du droit des travailleurs, de l’égalité femmes-hommes, de l’inclusivité, la formation du personnel et la prévention des accidents du travail.
Les critères de bonne gouvernance
La lutte contre la corruption, la transparence sur la rémunération des dirigeants, l’indépendance des conseils d’administration.
Les agences de notation (comme Ethifinance, Vigeo, BMJ CoreRating ou Innovest) évaluent les entreprises selon des approches variées, par secteur d’activité ou tous secteurs d’activités confondus. Certaines sont spécialisées sur un seul des critères, environnemental par exemple.
Quelles différences entre RSE et ESG ?
Autre acronyme lié à l’engagement des entreprises dans un développement durable, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) désigne l’engagement volontaire de l’entreprise à prendre en compte les critères ESG dans la gestion de ses activités et dans sa stratégie de développement. La démarche RSE repose en effet bien sur ces trois piliers de l’environnement, du social et de la bonne gouvernance. On voit que les critères ESG constituent une référence commune aux différents acteurs économiques pour guider les choix d’investissement dans une optique de finance durable, et pour structurer la démarche RSE de son entreprise en vue d’attirer les investisseurs engagés dans une stratégie ESG.
Pourquoi une entreprise doit-elle prendre en compte les critères ESG ?
La prise en compte des critères ESG permet aux entreprises d’intégrer les enjeux environnements et sociaux à leur gestion globale, ainsi que leur responsabilité en matière de gouvernance. Ils aident à faire des choix d’investissement responsable et enrichissent l’analyse des performances financières futures des entreprises, en termes de rentabilité et de risques. Par l’article 173, la loi sur la Transition Énergétique de 2015 a obligé les sociétés de gestion à communiquer sur leur manière de prendre en compte les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans les fonds qu’elles proposent.
Le reporting ESG fait par ailleurs partie intégrante de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), nouvelle directive de l’Union Européenne qui rassemble depuis 2021 un ensemble de mesures visant à améliorer les flux financiers en faveur des activités durables au sein de l’UE.
Critères ESG : quels enjeux pour les entreprises ?
L’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance joue un rôle croissant dans la stratégie des investisseurs, qui voient dans l’investissement responsable tout à la fois un moyen de contribuer aux ODD (objectifs de développement durable), de miser sur un rendement à long terme, et de diminuer les risques. Les PME comme les grandes entreprises sont impactées par cette tendance, même si toutes les entreprises ne sont pas concernées par l’obligation légale de reporting extra-financier.
Pour les PME
Si les lois actuelles visent encore essentiellement les grands groupes et entreprises cotées, elles tendent aussi à élargir les obligations de reporting extra-financier à de plus en plus d’entreprises : c’est déjà le cas de la CSRD dont les mesures concerneront des milliers d’entreprises supplémentaires en France, avec des normes simplifiées pour les PME mais bel et bien existantes. Il est essentiel pour les PME, ETI et start up d’anticiper l’intégration de cette grille d’analyse aux processus de sélection mis en place par les sociétés de gestion. En France, il est déjà certain que les lois déjà appliquées aux entreprises de plus de 500 salariés s’étendront aux petites structures dans le cadre de la stratégie nationale Bas Carbone.
L’obligation d'inclusion d'un bilan carbone dans la comptabilité de toutes les entreprises est d’ailleurs l’une des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat. Enfin, plus les acteurs privés de toute taille s’intéresseront aux critères ESG, plus ceux-ci seront simplifiés et accessibles aux petites et moyennes structures.
Pour les grandes entreprises
Tenir compte des critères ESG permet aux grandes entreprises d'intégrer les enjeux sociaux, environnementaux et de gouvernance dans leur gestion globale. L’obligation de reporting ESG peut donc, d’une part, améliorer les performances d'une entreprise, d’autre part valoriser son image auprès des partenaires, investisseurs et consommateurs. L’intégration des critères ESG dans la démarche RSE d’une entreprise est un atout pour attirer de potentiels investisseurs. Ces critères sont en effet la base du processus de labellisation des fonds ISR (d’Investissement Socialement Responsable) : ils répondent à la fois à une recherche de performance et d’orientation responsable de son épargne.
Comment utiliser les critères ESG dans sa stratégie RSE ?
Les critères ESG ont pour but de pouvoir évaluer la stratégie RSE d'une entreprise, à travers la prise en compte des impacts sociaux et environnementaux de ses activités. Ils servent donc de structure, de guide pour la collecte de données qui viendront enrichir le reporting extra-financier.
La plateforme Impact, mise en place par le gouvernement français, permet aux entreprises de mesurer et de publier plus facilement leurs données ESG. Les indicateurs disponibles sur cette plateforme permettent aux acteurs économiques de se familiariser avec la notion de performance Environnementale, Sociale et de Gouvernance, et d’anticiper ainsi les futures évolutions de la réglementation. Le formulaire en ligne constitue une trame exemplaire pour la mise en place d’une stratégie RSE : composé de 3 grandes parties portant respectivement sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance, il propose une liste de déclarations parmi lesquelles les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, la part de CA réalisé dans les énergies fossiles, l’existence d’un plan de mobilité entreprise, le pourcentage de salariés séniors, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, le pourcentage de salariés en situation de handicap, le nombre d'administrateurs indépendants, ou encore l’existence d'un plan d'action d'achats responsables. Pour chacune de ces lignes déclaratives, le formulaire détaille le type de réponses et de précisions techniques attendues.
En conclusion
Les critères ESG offrent une norme commune qui simplifie le reporting extra-financier des entreprises et qui permet aussi de le rendre plus lisible, donc mieux évaluable par le public et par les investisseurs. Nombreuses sont les entreprises qui attendaient des normes plus claires pour mettre en place leur stratégie RSE ou pour communiquer autour de leur démarche. Du côté des consommateurs et des investisseurs, les critères ESG permettent de mettre à jour plus aisément les tentatives de greenwashing.
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