Le scope 3 est devenu un aspect essentiel des stratégies de développement durable des entreprises. Représentant souvent une part significative, voire dominante, de l'empreinte carbone totale d'une organisation, ces émissions indirectes englobent l'ensemble de la chaîne de valeur. Certaines études montrent que les émissions du scope 3 constituent généralement entre 70% et 90% de l'empreinte carbone totale d'une entreprise. Cette proportion importante met en évidence la nécessité de mettre en place des stratégies complètes de mesure et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
A quoi correspondent les émissions du scope 3 ?
Lorsqu'on évalue l'empreinte carbone d'une entreprise, trois catégories distinctes, également connues sous les noms de "scopes 1, 2, 3", doivent être prises en compte :
Scope 1 : Émissions directes provenant de sources détenues ou contrôlées.
Scope 2 : Émissions indirectes liées à la production d'énergie achetée.
Scope 3 : toutes les émissions indirectes ayant lieu en amont ou en aval de la chaîne de valeur de l'entreprise. Cela comprend les émissions des biens et services achetés, les déplacements des employés, du transport et de la distribution de marchandises, de l'élimination des déchets, des investissements, jusqu'à l'utilisation et la fin de vie des produits.
Les scopes 1 et 2 sont généralement simples à quantifier, tandis que le scope 3 apparaît comme la partie la plus importante et souvent la plus complexe à mesurer. Bien que les émissions de scope 3 contribuent à la majeure partie de l'empreinte carbone totale d'une entreprise, de nombreuses entreprises sont aux prises avec une visibilité incomplète sur cette part non négligeable de leur empreinte carbone. Ce manque de données entrave l'élaboration de stratégies efficaces pour réduire considérablement les émissions.
Pourquoi est-il impératif pour les entreprises de mesurer les émissions du scope 3 ?
Voici cinq raisons pour lesquelles les entreprises doivent mesurer leur scope 3 :
Obtenir une vision complète de l'empreinte carbone d'une entreprise ?
La mesure des émissions du scope 3 fournit des informations cruciales qui vont bien au-delà de l'empreinte opérationnelle directe d'une entreprise. Ces émissions, générées tout au long de la chaîne d'approvisionnement et par l'utilisation des produits, représentent généralement la grande majorité de l'impact total d'une entreprise sur l'environnement.
Pourtant, de nombreuses entreprises négligent ou sous-estiment cette partie significative de leur empreinte carbone. Par exemple, l'industrie de la vente au détail contribue à environ 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont la grande majorité (jusqu'à 98 %) provient de la chaîne de valeur du secteur. En quantifiant de manière exhaustive ces émissions indirectes, les entreprises peuvent obtenir une image beaucoup plus complète et précise de leur véritable impact environnemental.
Être conforme et anticiper les obligations réglementaires.
Se positionner en pionnier dans l'évaluation du scope 3 permet aux entreprises de se préparer au durcissement constant du cadre réglementaire en matière de reporting carbone et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Partout dans le monde, les gouvernements imposent de plus en plus de mesures contraignantes qui incluent souvent la mesure du scope 3.
En Europe, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) vient renforcer les reportings extra-financiers. Cette directive obligera, dès 2025, plus de 50 000 sociétés à divulguer leurs émissions de gaz à effet de serre sur les scopes 1, 2 et 3. La France a été précurseur en intégrant dès 2023 le scope 3 dans les obligations de reporting des émissions de GES pour les entreprises de plus de 500 salariés, ouvrant ainsi la voie aux autres pays.
En mesurant et en gérant de manière proactive les émissions de scope 3, les entreprises pourront se conformer aux futures échéances réglementaires. Négliger ces émissions indirectes exposerait les entreprises à de lourdes contraintes de conformité, à des pénalités financières et à des dommages réputationnels. Cette démarche permet également aux organisations d'influer sur l'élaboration des nouvelles réglementations, en fournissant des données et des analyses précieuses susceptibles d'orienter les textes à venir.
Identifier des opportunités d'économies de coûts.
Mesurer les émissions de scope 3 peut révéler des moyens pour les entreprises d'économiser de l'argent et d'améliorer leur situation financière. Identifier les sources d'émissions aide les entreprises à repérer les domaines où elles peuvent s'améliorer. Travailler en étroite collaboration avec les fournisseurs, en utilisant ces données, peut conduire à des solutions gagnant-gagnant, comme par exemple :
Optimisation logistique
Trouver de meilleurs itinéraires de livraison plus directs
Utiliser des modes de transport plus économes en carburant
Regrouper les livraisons pour réduire les trajets
Réduction des déchets
Revoir les processus de fabrication pour diminuer le gaspillage
Recycler et réutiliser les matériaux résiduels
Adopter des emballages plus légers et durables
En s'attaquant à ces émissions indirectes, les entreprises peuvent simultanément réduire leur impact environnemental, améliorer l'efficience de leur supply chain et réaliser des économies substantielles. C'est un cercle vertueux où développement durable rime avec compétitivité accrue.
Améliorer son image de marque et la confiance des parties prenantes.
Les entreprises font face à une pression croissante de la part des consommateurs, des investisseurs et d'autres parties prenantes pour démontrer une responsabilité transparente quant à leur impact climatique global tout au long de la chaîne de valeur. La simple déclaration des émissions directes ne suffit plus - les parties prenantes exigent une divulgation complète de toutes les sources d'émissions indirectes, y compris le scope 3.
Mesurer et gérer de manière proactive ces émissions souligne un engagement authentique et ambitieux envers la durabilité qui dépasse le simple greenwashing. Ce niveau de transparence distingue les véritables leaders, renforce la réputation corporative et favorise la confiance des parties prenantes. En assumant la responsabilité de leur empreinte totale d'émissions, les entreprises justifient leur intégrité environnementale par des actions fondées sur des données factuelles.
De nombreux investisseurs intègrent désormais les données de scope 3 dans les évaluations ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) qui guident leurs décisions d'investissement. En anticipant cette tendance, les entreprises transparentes se positionnent comme des leaders en matière de durabilité, gagnant un avantage concurrentiel pour attirer des financements verts et du capital d'investisseurs responsables. Plutôt que de faire des déclarations vagues, rendre compte de leur impact réel permet aux entreprises de démontrer leurs réelles ambitions climatiques et de se démarquer sur un marché où la pression des parties prenantes pour une action environnementale crédible ne cesse de s'intensifier.
Renforcer la résilience face aux risques climatiques.
Mesurer et gérer les émissions de scope 3 permet aux entreprises de renforcer leur résilience face aux risques physiques et de transition liés au changement climatique. Cela les aide à atténuer les impacts financiers et opérationnels potentiels en adoptant des pratiques durables tout au long de leur chaîne de valeur.Les risques physiques comme les catastrophes naturelles plus fréquentes peuvent perturber les opérations et les chaînes d'approvisionnement. Tandis que les risques de transition comme la réglementation carbone, les taxes et les changements technologiques peuvent entraîner des coûts supplémentaires. En cartographiant leurs émissions de scope 3 et en travaillant avec leurs fournisseurs et partenaires pour les réduire, les entreprises peuvent :
Sécuriser leurs approvisionnements en amont
Rendre leurs produits et services plus résilients en aval
Se préparer aux futures réglementations et éviter les coûts carbone
Accéder à de nouveaux marchés pour des produits/services verts
Renforcer leur avantage concurrentiel à long terme
Une gestion proactive des émissions de scope 3 aide les entreprises à se protéger contre les risques climatiques croissants et à saisir les opportunités d'une économie bas carbone.
Conclusion
À mesure que l'urgence de l'action climatique s'intensifie, les entreprises doivent mettre en œuvre des stratégies complètes pour mesurer, gérer et réduire leurs émissions. Celles qui parviennent à mesurer et à réduire efficacement leur scope 3 bénéficieront d'un avantage concurrentiel en minimisant les risques réglementaires, en optimisant l'efficacité de la chaîne de valeur et en répondant aux exigences des parties prenantes pour une action climatique robuste.
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