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Photo du rédacteurFlorent A.

Comptabilité Carbone : approche physique vs. approche monétaire

La comptabilité carbone, contrairement à la comptabilité traditionnelle, mesure les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une entreprise. En traduisant ses activités complexes en données quantifiables, la comptabilité carbone permet aux entreprises d'identifier et de réduire leurs émissions. Outil indispensable pour les entreprises engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique, la comptabilité carbone repose sur deux méthodes principales : l'approche physique et l'approche monétaire. Dans la suite de cet article, nous explorerons en détail ces différentes approches, en mettant en lumière leurs forces et faiblesses respectives, afin de mieux comprendre leur impact dans la gestion des émissions de GES.



Qu'est-ce que la comptabilité carbone ?


La comptabilité carbone est un processus qui permet de mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une entreprise, d'une organisation ou d'un individu. Elle permet de comprendre d'où viennent ces émissions, les quantifier, afin de prendre des mesures pour les réduire. Pour quantifier les émissions, la comptabilité carbone s'organise autour de trois scopes, chacun représentant une catégorie spécifique d'émissions :


  • Scope 1 : les émissions directes de GES de l’entreprise. Cette dernière en est directement responsable lors de la fabrication de son produit ou de la mise en place de son service

  • Scope 2 : les émissions de GES liées à la consommation d’électricité, de chaleur ou encore de froid nécessaire au fonctionnement de l’entreprise.

  • Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes résultant des activités amont et aval de l'entreprise, comprenant les déplacements professionnels, les trajets domicile-travail des employés, l'élimination des déchets, ainsi que les émissions de la chaîne d'approvisionnement amont et aval.



Pour standardiser la mesure et faciliter l'agrégation de sources diverses, la comptabilité carbone utilise les équivalents en dioxyde de carbone (CO2e). Cette métrique permet une évaluation cohérente de l'impact climatique de divers gaz à effet de serre.


En analysant leurs émissions, les entreprises peuvent identifier des domaines où elles peuvent les réduire et mettre en œuvre des stratégies telles que la transition vers des énergies renouvelables, l'optimisation des processus de production ou encore l'adoption d'options de transport plus durables.


Les données de comptabilité carbone peuvent être utilisées pour créer des rapports complets et vérifiables qui aident les entreprises à :

  • Communiquer leurs efforts de durabilité aux parties prenantes en fournissant des informations sur leurs émissions de GES, les sources d'émissions, les actions de réduction des émissions et les progrès réalisés.

  • Se conformer aux réglementations en matière de changement climatique en fournissant des données précises et complètes sur les émissions de GES.

  • Suivre leurs trajectoires et objectifs en mesurant leurs progrès dans la réduction de leurs émissions de GES.



Quelles sont les différentes méthodes de comptabilité carbone ?


Pour quantifier les émissions et calculer leur empreinte carbone, les entreprises peuvent utiliser deux principales méthodes, ou approches, de comptabilité carbone :


  • Approche physique : Elle consiste à mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en se basant sur des données physiques, telles que la consommation d'énergie, la production de déchets ou les déplacements. Elle permet d'obtenir une estimation précise des émissions réelles d'une entreprise, car elle ne repose pas sur des hypothèses ou des estimations.

  • Approche monétaire : Adoptant une perspective financière, l'approche monétaire examine les transactions monétaires d'une entreprise liées aux biens, services, à l'énergie, etc. Elle consiste à convertir une donnée monétaire en kgCO2e à l'aide de ratios monétaire et est généralment exprimée en kgCO2e/€ (si données comptables en euros).



Qu'est-ce que l'approche physique en comptabilité carbone ?


Présentation de l'approche physique


L'approche physique est une méthode de comptabilité carbone qui consiste à mesurer les émissions de GES d'une entreprise en se basant sur les données physiques de ses activités. Ces données comprennent la consommation d'énergie, la production de déchets ou encore les déplacements. Cette méthode est la plus précise, car elle mesure directement les émissions de GES générées par les activités de l'entreprise.


Avantages et inconvénients de l'approche physique


Avantages :

L'approche physique se caractérise par sa grande précision, permettant une ventilation détaillée et une identification des sources d'émissions réelles d'une entreprise. Cette spécificité facilite la mise en place de stratégies de réduction ciblées et efficaces. En englobant tous les aspects opérationnels, elle offre une vision complète de l'empreinte carbone d'une entreprise.


Inconvénients :

L'approche physique nécessite la collecte de données détaillées, souvent cloisonnées, provenant de l'ensemble des opérations et de la chaîne de valeur d'une entreprise. Cette gestion des données peut être complexe, chronophage et exigeante en ressources, particulièrement pour les grandes entreprises. La mise en œuvre et la maintenance d'un système de comptabilité carbone basé sur ces données requièrent une expertise spécifique. L'efficacité de cette approche dépend grandement de l'accès à des données précises et complètes, ce qui peut constituer un véritable défi.


Défis et solutions de mise en oeuvre


La collecte de données nécessite du temps et un investissement important en ressources. Les entreprises peuvent rencontrer des difficultés à garantir l'exactitude et la fiabilité des données collectées. Pour surmonter ces obstacles, les entreprises peuvent investir dans des technologies de monitoring, des logiciels ou plateforme de pilotage des données carbone, ainsi que dans des systèmes de collecte de données.


L'automatisation de la collecte de données peut contribuer à améliorer l'efficacité des processus et à réduire la charge de travail des employés. La collaboration avec des experts de l'industrie et l'adoption des meilleures pratiques peuvent également contribuer à améliorer l'exactitude des calculs d'émissions.


Par exemple, une entreprise de fabrication pourrait investir dans des capteurs, des dispositifs IoT et un logiciel dédié pour surveiller en temps réel la consommation d'énergie et les émissions. Cela permet non seulement d'améliorer l'exactitude des calculs, mais offre également des informations clés pour déployer une stratégie concrète de réduction des émissions.



Qu'est-ce que l'approche monétaire en comptabilité carbone ?


Présentation de l'approche monétaire


L'approche monétaire consiste à convertir une valeur monétaire en équivalents de dioxyde de carbone (CO2) à l'aide de ratios monétaires, par exemple kgCO2e/€. Cette méthode permet d'estimer les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées aux dépenses de l'entreprise, telles que les achats de biens et services. Elle est particulièrement adaptée pour calculer rapidement et simplement les émissions liées aux dépenses de services par exemple.


Avantages et inconvénients de l'approche monétaire


Avantages:

L'approche monétaire fournit une vue d'ensemble financière, simplifiant l'évaluation de l'impact carbone d'une entreprise. Cette méthode est généralement plus facile à mettre en œuvre et moins coûteuse. Elle s'appuie sur les données comptables de l'entreprise, qui sont généralement plus accessibles et moins complexes à collecter que les données physiques.


Inconvénients:

L'approche monétaire se révèle souvent insuffisante pour évaluer de manière exhaustive le bilan carbone d'une entreprise, limitant ainsi sa capacité à élaborer une stratégie bas-carbone pertinente. Cette méthode est en effet moins précise et granulaire que l'approche physique. L'utilisation d'un ratio en tCO2e par euro dépensé s'appuie sur une valeur monétaire fluctuante, rendant les émissions calculées dépendantes de cette valeur (volatilité des prix de l'énergie par exemple). En outre, les standards reconnus de comptabilité carbone des entreprises définissent des règles et conventions arbitraires, pouvant limiter la précision de l'approche monétaire.



Qu'en est-il de la méthode hybride en comptabilité carbone ?


Une troisième méthode, souvent utilisée par les entreprises, est la méthode dite "hybride", qui combine à la fois les flux physiques et monétaires. Cette approche équilibre l'évaluation des émissions de GES d'une entreprise en associant la précision de l'approche physique à l'utilisation de l'approche monétaire pour combler les lacunes là où les données physiques ne sont pas disponibles ou sont trop compliquées à obtenir.


Bien que cette méthode soit intéressante, il est important de noter qu'elle peut se révéler plus complexe à mettre en œuvre que l'utilisation d'une seule source de données, car elle nécessite la collecte et l'analyse de données à la fois monétaire et physique. La combinaison de différentes sources de données peut accroître la sensibilité aux erreurs, en particulier si les données ne sont pas correctement harmonisées ou si des approximations sont utilisées pour combler les lacunes, ce qui peut affecter la précision.


Par conséquent, bien que la méthode hybride soit une approche utile car elle permet de coupler les avantages des deux principales méthodes, les entreprises doivent s'efforcer de progressivement passer de l'hybride à une approche physique complète. Cela garantira une mesure plus précise de leur impact environnemental, permettant ainsi la mise en place de stratégies et d'objectifs de réduction cohérents.



Conclusion


La comptabilité carbone demeure un outil essentiel pour les entreprises engagées dans la lutte contre le changement climatique. L'approche physique offre une précision inégalée, bien que complexe, tandis que l'approche monétaire simplifie l'évaluation au prix d'une moindre granularité. La méthode hybride représente un compromis équilibré, mais les entreprises sont encouragées à évoluer progressivement vers une approche physique complète pour une mesure encore plus précise. Cette transition permettra une gestion plus efficace des émissions et l'établissement d'objectifs de réduction environnementale cohérents et impactants.




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