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RE2020 : Quelles implications pour le secteur du bâtiment ?

Dernière mise à jour : 24 août 2023

Pour répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), la France a dû prendre des mesures dans plusieurs secteurs, et notamment dans celui du bâtiment, qui représente un quart des émissions de CO2 et presque 45 % de la consommation énergétique. Dans le secteur de la construction, une réglementation environnementale est ainsi venue se substituer en 2020 à une première réglementation thermique : la RE2020, plus ambitieuse que la RT2012, vise une réduction progressive de l’empreinte carbone du secteur. Elle implique une transformation profonde des techniques de construction, des solutions énergétiques et des filières industrielles impliquées dans le bâtiment.

Qu'est-ce que la réglementation RE2020 ? Définition et objectifs

La réglementation environnementale RE2020 sur les bâtiments neufs est prévue par la loi ELAN (loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) promulguée en novembre 2018. Elle s’inscrit dans les orientations fixées par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), elles-mêmes introduites par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Destinée à s’appliquer aux constructions neuves à partir de janvier 2022, elle est prévue pour une mise en œuvre progressive, d’abord sur les bâtiments à usage d’habitation, dans un second temps sur les bureaux et les bâtiments d’enseignement primaire et secondaire, enfin sur d’autres bâtiments tertiaires.


La RE2020 implique des normes plus strictes en matière de performance énergétique et environnementale pour les nouveaux bâtiments, favorisant ainsi la transition vers des constructions durables et à faible impact écologique. La RE2020 poursuit des objectifs pluriels :

  • L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs

  • La réduction de l’impact des bâtiments neufs sur le climat avec une prise en compte des émissions de GES sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment

  • L’adaptation du bâti aux conditions climatiques à venir, avec notamment un renforcement du confort en période de canicule

Cette réglementation pose donc les bases de l’éco-construction, qui passe par une meilleure conception bioclimatique des constructions, l’amélioration des performances des bâtiments, un recours privilégié aux énergies propres et un choix de matériaux durables, à faible empreinte carbone.


Les principales évolutions de la RE2020 par rapport à la RT2012

La réglementation thermique RT2012 était appliquée dans le secteur du bâtiment depuis la fin de l’année 2011. Elle poursuivait trois objectifs de construction durable :

  • Une exigence d’efficacité énergétique minimale du bâti, définie par le coefficient Bbiomax

  • Une exigence de consommation maximale d’énergie primaire déterminée par le coefficient Cepmax

  • Une exigence de confort estival dans les locaux non climatisés, en conformité avec la norme Ticref (température intérieure de référence)

Sur la question de la performance énergétique des bâtiments, la RE2020 va plus loin que la RT2012 avec des exigences plus fortes sur les performances de l’isolation. Une différence majeure consiste aussi dans la prise en compte systématique des besoins de froid, que le bâtiment soit ou non climatisé. L’évaluation des consommations énergétiques prend par ailleurs en compte de nouveaux usages :

  • La consommation électrique nécessaire au déplacement des occupants dans le bâtiment (escalator, ascenseur)

  • La consommation électrique liée à l’éclairage et à la ventilation des parkings

  • La consommation électrique relative à l’éclairage des parties communes des immeubles collectifs

La réglementation environnementale prend par ailleurs en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment pour diminuer son impact sur l’environnement et sur le climat :

  • La phase de construction avec le type de matériaux, ou encore l’utilisation d’une énergie renouvelable pour les travaux (éco-chantier)

  • La phase d’exploitation (chauffage et climatisation, consommations en eau, éclairages)

  • La fin de vie (démolition, rénovation, réaffectation)



Impact de la RE2020 pour les acteurs du secteur du bâtiment

Les objectifs de diminution de l’impact des bâtiments neufs sur le climat impliquent d’adopter des modes de construction peu émetteurs de gaz à effet de serre, ou qui permettent de stocker les GES, à l’instar du recours aux matériaux biosourcés.

Du promoteur à l’architecte en passant par le constructeur et la maîtrise d’œuvre, tous les acteurs du bâtiment doivent ainsi changer leurs process et faire évoluer leurs savoir-faire pour répondre aux normes de l’éco-construction. Dans le calcul des indicateurs de la RE2020, sont en effet inclus tous les éléments du permis de construire (bâtiments, parkings aériens et réseaux), les usages de l’énergie, ainsi que les usages de l’eau. Le cycle de vie du bâtiment s’entend par ailleurs de la fabrication de ses composants à sa déconstruction ou à sa démolition, en passant par le chantier de terrassement et de construction, l’utilisation du bâtiment ainsi que sa maintenance.

La RE2020 introduit également de nouvelles vérifications obligatoires après travaux pour assurer la performance environnementale réelle du bâti, notamment celle du système de ventilation. Parce que la RE2020 encourage l'utilisation de nouveaux modes de construction plus respectueux de l'environnement et qu’elle introduit de nouvelles exigences en matière d'impact environnemental, sa mise en œuvre nécessite une évolution des compétences et des métiers du secteur du bâtiment. Les acteurs de ce secteur doivent se former pour acquérir des compétences en matière d’évaluation environnementale et l’expertise nécessaire à une conception, une construction et une exploitation de bâtiments conformes à la nouvelle réglementation environnementale.


Défis et opportunités pour le secteur du bâtiment

La RE2020, par son ambition, pose de nouveaux défis au secteur du bâtiment :

  • Répondre à des exigences techniques et des normes environnementales plus strictes

  • Faire face à des coûts initiaux plus élevés et donc trouver des solutions d’optimisation

  • Adapter les compétences et les chaînes d’approvisionnement aux nouveaux modes de construction

  • Exercer une veille sur les normes et réglementations en matière de bâtiment vert

Mais elle offre aussi de nombreuses opportunités aux différents acteurs du secteur :

  • Levier de croissance, la transition écologique crée de nouvelles opportunités sur le marché et peut stimuler les activités de nombreux acteurs prêts à développer des services et solutions visant l’économie d’énergie ou la réduction des émissions de CO2

  • Avantage concurrentiel : se spécialiser dans l’éco-chantier et la construction de bâtiment écologique offre aux entreprises un avantage concurrentiel par rapport aux acteurs qui tardent à prendre le virage de l’éco-responsabilité

  • Recherche et innovation : le RE2020 dynamise et encourage la recherche et l’innovation dans le secteur du bâtiment, tant en ce qui concerne les matériaux utilisés que les solutions énergétiques et les process de construction.

  • Économies à long terme : malgré des coûts initiaux plus élevés, les bâtiments conformes à la RE2020 sont plus économes en énergie et donc moins coûteux sur le long terme


En conclusion

Enjeu central pour la réduction des émissions de gaz effet de serre dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, le bâtiment est actuellement le secteur économique le plus consommateur d’énergie en France. La RE2020 accélère l’engagement du secteur de la construction dans la transition écologique. Ses mesures ont des impacts sur tous les acteurs, architectes, ingénieurs, constructeurs, fabricants de matériaux de construction, mais aussi organismes de contrôle et d’audit énergétique habilités à délivrer la certification énergétique.


Chacun peut jouer un rôle clef dans la transition vers des modes de construction plus durables. En France, la RE2020 est complétée par le décret tertiaire, dont le champ d’application concerne les bâtiments tertiaires existants. Les entreprises peuvent également se reposer sur des outils de mesure et d’évaluation environnementale déjà bien connus des entreprises et organisations, comme le Bilan carbone.


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