Le Pacte mondial des Nations unies met en lumière l'importance du scope 3, l'attribuant à plus de 70 % de l'empreinte carbone d'une entreprise. Il est primordial de surveiller de près l'impact des activités d'une entreprise, tout au long de sa chaîne de valeur, sur l'environnement. La comptabilité carbone se présente comme un outil essentiel permettant aux entreprises de mesurer et de réduire leur empreinte carbone. Cependant, le calcul du scope 3 n'est pas une tâche aisée, surtout en raison de la complexité des sources d'émissions en amont et en aval.
Comprendre les émissions des scopes 1 2 3
La question des émissions de gaz à effet de serre (GES) se trouve au cœur des préoccupations environnementales actuelles. Souvent perçu comme un sujet complexe, ce concept revêt une importance capitale pour les entreprises et les organisations. Comprendre les différents types d'émissions de GES ainsi que leur provenance devient ainsi impératif, offrant aux entreprises les clés pour évaluer leur empreinte environnementale et élaborer des stratégies de réduction ambitieuses.
À l'origine des scopes d'émission : le GHG Protocol
Le Protocole des GES (ou GHG Protocol) est un cadre international largement reconnu qui propose une structure pour mesurer, comptabiliser et gérer les émissions de gaz à effet de serre résultant des activités des entreprises et des organisations. Développé en 1998 par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), le GHG Protocol est devenu une norme mondiale en matière de comptabilité carbone
Le GHG Protocol classifie les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une entreprise en trois catégories : scope 1, scope 2 et scope 3.
Définition des scopes 1, 2 et 3
Le scope 1 fait référence aux émissions qui proviennent de sources directement contrôlées ou possédées par une organisation. Ces émissions résultent directement des opérations de l'entreprise dans la production de biens ou la prestation de services.
Le scope 2 correspond aux émissions indirectes provenant de la production d'électricité, de vapeur, de chaleur ou de refroidissement achetés par une entreprise
Le scope 3 englobe toutes les autres émissions indirectes de gaz à effet de serre. Cette catégorie s'étend largement sur toute la chaîne de valeur de l'entreprise, englobant à la fois des facteurs en amont tels que l'achat et le transport, et des facteurs en aval tels que les livraisons, l'utilisation des produits et l'élimination en fin de vie.
À quoi correspondent les émissions du scope 3 ?
Bien que les scopes 1 et 2 relèvent du contrôle direct de l'organisation, les émissions du scope 3 représentent souvent la part prépondérante de l'empreinte carbone totale d'une entreprise. Une gestion efficace des émissions de scope 3 est cruciale pour adopter une approche globale et durable en matière de responsabilité environnementale. D'après les données ESG rapportées par la société Bloomberg sur environ 15 000 entreprises, seules 20 % d'entres-elles ont mesuré leurs émissions de scope 3 au cours de l'exercice 2020, mettant en lumière une lacune dans la collecte et l'analyse de ces données.
Le scope 3 comprend toutes les émissions indirectes se produisant en amont et en aval de la chaîne de valeur d'une entreprise. Il convient de souligner que ces émissions excluent celles associées indirectement à la production d'électricité, qui relèvent des émissions de scope 2. Ces émissions peuvent avoir des origines variées, telles que l'utilisation de produits ou de services fournis par l'entreprise, le transport des produits, l'élimination ou le recyclage des produits, ainsi que toute autre activité liée à la chaîne de valeur de l'entreprise.
Le GHG Protocol a réparti le scope 3 en 15 sous-catégories afin d'aider les entreprises à identifier et à comptabiliser précisément leurs émissions amont et aval.
Quelles sont les émissions amont et aval du scope 3 ?
La classification des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le scope 3 va plus loin en subdivisant les émissions indirectes en deux catégories principales : les émissions en amont et en aval. Les émissions en amont englobent celles générées tout au long de la chaîne d'approvisionnement, depuis l'extraction des matières premières et le transport jusqu'à la fabrication et la livraison des produits. D'un autre côté, les émissions en aval font référence à celles associées à l'utilisation des produits, au traitement en fin de vie et à l'élimination des déchets.
Appréhender ces deux sources est fondamental pour obtenir une vision globale de leur impact environnemental et identifier des opportunités de réduction.
Quelles sont les émissions en amont ?
Les émissions en amont de la chaîne de valeur d'une entreprise désignent les émissions indirectes générées lors de la production des biens ou services qu'elle achète ou utilise avant qu'un produit ou service ne soit livré au client. Elles sont réparties en 8 catégories :
Achats de produits et de services : extraction, production et transport des biens et services acquis par l'entreprise, comprenant les matières premières, les composants et l'emballage.
Biens immobilisés : production de biens d'équipement achetés ou acquis par l'entreprise tels que les machines, l'équipement et l'infrastructure.
Émissions liées à l'énergie : extraction, production et transport du carburant et de l'énergie achetés par l'entreprise (non inclus dans le scope 1 ou scope 2).
Déchets : traitement et élimination des déchets générés par l'entreprise.
Déplacements professionnels : transport des employés pour des activités professionnelles dans des moyens de transport qui n'appartiennent pas à l'entreprise ou qui ne sont pas exploités par elle.
Déplacements domicile travail : transport des employés vers et depuis le travail dans des véhicules appartenant ou exploités par des tiers.
Actifs en leasing amont : exploitation des actifs loués par l'entreprise déclarante qui ne sont pas inclus dans le scope 1 et scope 2.
Transport et distribution en amont : transport et distribution des biens et services entre les fournisseurs et l'entreprise déclarante.
Les émissions en amont sont souvent plus gérables pour les entreprises, car elles peuvent avoir plus de contrôle sur leurs fournisseurs et peuvent influencer leurs processus de production ainsi que leurs choix énergétiques. Cependant, il est important de noter que même si cela reste plus "accessible", la collecte de ces données reste complexe.
Quelles sont les émissions en aval ?
Les émissions en aval de la chaîne de valeur d'une entreprise font référence aux émissions indirectes générées pendant les phases d'utilisation, de traitement en fin de vie et d'élimination d'un produit ou d'un service. Ces émissions surviennent après que le produit a été vendu au consommateur. Elles sont classifiées en 7 catégories :
Utilisation des produits vendus : émissions résultant de l'exploitation et de la consommation des produits (combustion de carburant dans les véhicules, consommation d'électricité dans les appareils, etc.).
Fin de vie des produits vendus : élimination ou recyclage des produits en fin de cycle de vie (émissions des processus de recyclage, l'élimination des produits, etc.).
Leasing aval : exploitation des biens loués tels que véhicules ou équipements, ces émissions sont liées à l'utilisation d'actifs loués aux clients.
Franchises : erxploitation des franchises non incluses dans le scope 1 ou scope 2.
Investissements : investissements financiers de l'entreprise (actions ou obligations d'autres entreprises).
Transport et distribution en aval : transport des biens et services entre l'entreprise et ses clients.
Transformation des produits vendus : émissions résultant du traitement des produits intermédiaires vendus par des tiers (par exemple, des fabricants) après leur vente par l'entreprise déclarante.
Les émissions en aval sont plus difficiles à quantifier en raison de la variabilité des comportements des consommateurs et des pratiques de gestion des déchets. Cependant, comprendre et aborder ces émissions est crucial pour que les entreprises minimisent leur impact environnemental global.
Exemples d'émissions en amont et en aval
Prenons l'exemple de l'industrie automobile, sa chaîne de valeur complexe génère d'importantes émissions en amont et en aval. Voici un aperçu des principales catégories à considérer lors de la réalisation d'une évaluation de l'empreinte carbone :
Émissions en amont
Achats de produits et de services (catégorie 1) : émissions générées par l'extraction, la production et le transport de matières premières telles que l'acier, l'aluminium et les plastiques utilisés dans la fabrication des véhicules.
Biens immobilisés (catégorie 2) : émissions associées à la production et au transport de machines et d'équipements utilisés dans l'assemblage des véhicules et les installations de fabrication.
Transport et distribution de marchandises (catégorie 4) : émissions liées au transport des pièces et des véhicules tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de l'extraction des matières premières à la livraison finale aux concessionnaires.
Émissions en aval
Utilisation des produits vendus (catégorie 11) : émissions provenant des pots d'échappement des véhicules vendus par le fabricant.
Fin de vie des produits vendus (catégorie 12) : émissions générées lors du recyclage et de l'élimination des véhicules en fin de vie.
Comment les entreprises peuvent-elles mesurer efficacement leurs émissions amont et aval ?
Pour une gestion optimale des émissions en amont et en aval, une méthodologie rigoureuse est essentielle, débutant par une mesure précise notamment grâce à la comptabilité carbone. L'utilisation d'une Carbon Management Platform (plateforme de gestion des données carbone) dépasse le simple utilitaire ; elle revêt une importance cruciale en permettant la collecte, l'analyse et le suivi précis des données d'émissions tout au long de la chaîne de valeur de l'entreprise. Ce type de plateforme agit comme un hub centralisé pour le suivi des données carbone, permettant aux entreprises de cibler les activités ou postes qui ont le plus d'impact sur l'environnement, et à mettre en œuvre des stratégies de réduction précises et efficaces.
L'implication des fournisseurs est un maillon essentiel dans la gestion des émissions du scope 3 et dans l'atteinte des objectifs climatiques des entreprises. Étant donné que les émissions du scope 3 sont directement ou indirectement influencés, gérés et contrôlés par les fournisseurs et partenaires commerciaux, une interaction efficace avec eux devient essentielle pour une gestion globale du bilan carbone de l'entreprise.
Le guide "Corporate Value Chain (Scope 3) Accounting and Reporting Standard" du GHG Protocol fournit des exigences et des orientations aux entreprises et organisations qui souhaitent mesurer les émissions du scope 3.
En adoptant une approche globale intégrant une gestion carbone basée sur des données précises et l'implication active des fournisseurs et parties prenantes, les entreprises peuvent efficacement gérer leurs émissions en amont et en aval. Cette démarche contribue significativement à réduire leur empreinte carbone, réduisant ainsi leur impact sur la planète.
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